Atelier CINEMA ARGENTIQUE à l’Oasis du Parco – Auray 2022

Article mis en ligne le 9/12/22 par Adeline

Dans le cadre du ciné-club de quartiers à Auray en 2022, nous avons encadré, avec Simon Guiochet, artiste auteur et réalisateur, un atelier de réalisation en cinéma argentique, du mardi 19 juillet au vendredi 22 juillet 2022.

Nous avons co-construit cet atelier en partenariat avec La Fabrique du Sensible, association qui a pour objet la transmission du goût et des savoir-faire artistiques, et le Cap des possibles, association qui gère le jardin partagé du Parco.

Une quinzaine d’habitant.Es ont participé à cet atelier : des adultes, des enfants, des jardiniers, des voisins, des passants.

Vous pouvez regarder le film collectif réalisé en atelier ici, et vous pourrez lire le déroulé de l’atelier à la suite de la page.

1ère étape : ENREGISTREMENT SONORE

Avec Johan et Gaëlle de la Fabrique du sensible, nous avons commençé le travail de réalisation par l’enregistrement de sons liés au jardin et aux jardiniers. En effet, la caméra 16 mm, qui arrivera le lendemain avec Simon, fait des films muets, il nous faudra donc fabriquer la bande son.

Nous étions équipés de 3 micros et de casques, d’une caravane comme studio d’enregistrement, d’un ordinateur et de l’enceinte pour que les participant.Es puissent écouter les sons enregistrés en cours d’ateliers.

Les participant.Es prennent des sons de la nature dans le jardin et ses annexes, et nous réalisons des interviews pour recueillir leurs témoignages. L’ensemble de cette matière constituera la bande son du film.

2ème étape : TOURNAGE EN 16 MM

* Présentation de la caméra et de ses accessoires

De la précieuse pellicule au fonctionnement de la caméra, Simon a commencé par nous faire découvrir des objets aujourd’hui disparus de nos quotidiens ainsi qu’un geste lui aussi devenu rare : celui d’enregistrer le réel sur une bande de pellicule :  » ça tourne » vraiment là dedans !

Nous disposons d’une BOBINE DE PELLICULE 16 mm, soit 30 mètres, soit 3 minutes de film : la pression monte !

Simon installe l’OBJECTIF sur la caméra et la VISEE DEPORTEE car l’appareil n’est pas réflex. Pour régler la lumière qui rentre dans la caméra (et qui vient s’imprimer sur la pellicule pour recréer les images filmées) on ouvre ou on ferme le DIAPHRAGME sur l’objectif. Et pour mesurer la quantité de lumière nécessaire, Simon utilise une application sur son téléphone portable qui fait fonction de CELLULE.

* Ecriture collective du scénario

Comme nous n’avons que 30 mètres de pellicule, soit 3 minutes, il faut vraiment penser à nos plans. Nous proposons aux participants d’imaginer une histoire en 3 parties, qui nous rapprochent petit à petit du jardin et de son intimité.

Maryse, une participante à l’atelier, vit dans un appartement avec vue sur le jardin. Nous décidons de commencer le tournage chez elle et de la suivre quand elle part rejoindre les jardiniers de l’Oasis.

* Tournage en équipe

Nous écrivons sur le tableau les prises de vue à réaliser et nous voilà partis tourner. Soen se met derrière la caméra, qui n’est pas facile à prendre en main. Christian est au chronomètre, Annie à la prise de son, Maryse au jeu d’actrice, Simon est le chef de plateau !

La concentration est de mise. L’après midi est consacré au tournage, petit à petit notre histoire s’inscrit sur la pellicule, les rôles s’échangent, chacun se teste au son, à l’image, au contrôle du temps, au jeu d’acteur.

Nous faisons une vingtaine de plans de 10 secondes chacun environ. Nous les garderons presque tous au montage.

* Développement de la pellicule

Le mercredi soir Simon développe la pellicule dans notre local et je l’assiste. Nous avons décidé de ne pas faire cette manipulation en atelier car les produits sont un peu dangereux.

Nous installons son laboratoire itinérant, non moins encombrant, dans le bureau du fond. Il nous faut 3 heures pour développer le film : 5 bacs, 5 eaux de rinçage, 1 bout d’essaie et 2 x 15 mètres de pellicule.

Une fois développées, nous installons les bandes sur des cordelettes pour les faire sécher.

3ème étape : INTERVENTION SUR BANDE

Le jeudi après midi, nous nous retrouvons pour une nouvelle étape : nous allons créer de nouvelles images à partir de la matière végétale que nous trouvons dans le jardin. Nous invitons les participants à aller cueillir différents types de plantes, de fleurs, de terre. Puis avec des outils appropriés, ils fabriquent des jus colorés en écrasant certains des végétaux et ils en collent d’autres sur les bandes de 16mm, rendues transparentes par Simon en amont de l’atelier.

Le vendredi après midi, nous intervenons cette fois-ci sur les bandes que nous avons tournées le mercredi. Simon installe des réglettes lumineuses. Les participants choisisent les plans qu’ils veulent coloriser, et avec des feutres, ils viennent colorier directement sur la pellicule. Et enfin, avec de fines plumes, ils créent des effets spéciaux en grattant la pellicule.

MONTAGE IMAGES et SON

Le montage des images se fait en plusieurs étapes :

  • Simon fait un premier montage, avec les bandes argentiques, juste après le tournage des « vues réelles », en mettant les plans dans le même ordre que nous les avons tournés et suivant l’histoire que nous avons écrite.
  • Puis il fait un second montage, le vendredi matin, avec les images additionnelles que nous avons créées la veille.
  • Enfin, il numérisera le film, en refilmant les images projetées avec ses 2 projecteurs. Et, depuis un logiciel, sur son ordinateur, pourra ajuster la vitesse des plans et procéder à l’étalonnage des images.

Le montage son, se fait aussi en 2 étapes :

Avec les enregistrements sonores réalisés le mardi après-midi, je propose aux participants 2 options de récit : soit une fiction, avec la nature comme personnage principale, soit un récit plus documentaire, avec les témoignages des jardiniers en premier plan. Les participants choisissent cette 2ème option. Je retourne donc à mon banc de montage numérique pour affiner cette version.

PROJECTIONS

Au cours de l’atelier nous avons fait plusieurs projections pour que les participants puissent voir et discuter des montages que Simon et moi faisions au fur et à mesure que nous créions la matière visuelle et sonore.

La projection s’est faite avec 2 projecteurs, orientés vers un même écran : le premier nous permettait de voir les images « vues réelles », et le second était destiné à projeter les bandes sur lesquelles nous avions rajouté de la matière.

Simon a d’abord expliqué aux participants le fonctionnement du projecteur argentique. Puis nous avons improvisé une salle de projection dans le local technique du jardin. Cette salle de cinéma insolite nous a aussi permis de faire une projection publique en fin d’atelier : une dizaine de personnes supplémentaires, habitantes et partenaires présents sur le quartier sont venus découvrir le film le vendredi soir.

Le film a été projeté le semaine suivante lors du Mercredi festif organisé par le service Politique de la Ville, au parc utting. Il a fait la première partie de la scéance de cinéma en plein air.

Enfin, il a été aussi présenté, directement dans le jardin de l’Oasis du Parco lors de la projection itinérante que nous avons organisé fin octobre dans les quartiers d’Auray.

UNE BELLE EXPERIENCE ARTISTIQUE COLLECTIVE

Cet atelier a été une belle expérience artistique collective ! Il a été très riche en découverte technologique, re-découverte pour d’autres (les plus anciens qui avaient utilisés les dernières caméras super 8). Les habitant.Es se sont bien emparés du projet, ils étaient présents aux différentes étapes de l’atelier, certains ont suivis tout le processus, d’autres ne sont venus que sur certaines étapes. Et ils étaient fiers du film qu’ils avaient réalisés ensemble.

Ce projet a été réalisé grâce au soutient financier de BSH, la Ville d’Auray, l’Etat, le CAF et la DRAC Bretagne.