Jeudi 21 avril 2023
Article mis en ligne par Adeline le 25/9/23
Les partenaires de projet
Nous avons organisé cette première soirée dans le chapiteau du Cirque Équilibres, une école de cirque de Saint Anne d’Auray qui installe son chapiteau sur le stade du Bel Air une fois par an. Il propose des ateliers cirque aux enfants du quartier et des alentours.
Nous étions aussi accompagnés par le Centre social et socioculturel La Cabanatous qui a organisé un repas partagé et convivial avant la projection, dans le chapiteau. Et notre partenaire privilégié (car nous partageons les mêmes locaux), le Cap des Possibles avait confectionné les inévitables POP CORN d’une bonne projection cinématographique pour cette toute première édition !
Le déroulé de la soirée
Après avoir rangé les installations du cirque, nous avons transformé le chapiteau en salle de projection : mise en place de l’écran, des chaises longues, des enceintes.
Une fois le repas terminé, Emmanuelle a endossé le Guichet Mobile pour aller à la rencontre des spectateurs et les inviter à la soirée avec un ticket de cinéma, entrée gratuite.
80 spectateurs étaient présents ce soir là. Merci au Centre social La Cabanatous et au Cap des Possibles pour nous avoir aidé à communiquer sur notre soirée et à encourager des gens à venir !
Le programme des films :
Yovann Moreau nous a fait l’honneur d’illustrer musicalement le premier film que nous avons présenté : Auray 1937, un film muet réalisé à Auray en 1937 par un projectionniste forain qui réalisait des portraits d’habitants et les montrait en première partie des séances de cinéma pour attirer le public !
Entre chacun des films nous avons fait une petite pause pour présenter le suivant et changer d’univers en douceur.
Un film bonus :
A la fin des 6 premiers films, nous avons fait une entracte et proposé à ceux qui le souhaitaient de découvrir un film bonus : Emilie Muller, un film d’Yvon Marciano qui donne l’illusion d’une première à l’écran.
Un peu d’histoire
Pourquoi l’histoire des forains et celle des débuts du cinéma sont-elles étroitement liées ?
Le rôle de Méliès :
Le 22 mars 1895 a lieu la première projection des frères Lumières à Paris. Méliès, assiste à la projection et il comprend l’intérêt artistique du nouveau média. Méliès était un magicien, un illusionniste, qui a tout de suite vu le potentiel magique du cinéma ! Il va utiliser les connexions qu’il a avec les forains, notamment des foires de Paris pour organiser la diffusion de ses films.
Ce mode d’exploitation du cinéma va être un mode majoritaire pour 2 autres raisons :
- En 1897 a lieu l‘incendie du Bazar de la Charité en 1897. Lors d’une projection dans une fête de charité, la pellicule prend feu, il y a un incendie et un nombre très important de victimes, dans la haute société. Il en est resté l’idée que le cinéma est dangereux, ce qui est vrai puisqu’il prend feu.
Ainsi, il apparaissait moins dangereux d’assister à une projection dans une tente, ou un chapiteau, duquel on pouvait sortir facilement.
Dans les premiers temps les films sont intriqués avec d’autres attractions, cirques ou ménageries. Ainsi les habitudes reprises depuis une quinzaine d’année de re-méler projection d’images et spectacles de danse, théâtre, marionnette ou autre représentation, est un retour au premier mode de diffusion du cinéma.
- Les forains avaient des groupes électrogènes et ils emmenaient l’électricité et le cinéma là où il y en avait pas.
En faite il n’y a pas de salle de cinéma. Durant toute la première décennie du cinéma (1895 à 1907) les forains jouent un rôle essentiel dans la diffusion du cinéma, ils comblent la distance entre les spectateurs et les producteurs de films.
Le premier public du cinéma forain, c’est la classe ouvrière, qui vit là où l’électricité n’est pas installé : quartiers excentrés et villes de province)
Les forains vont aussi tourner des films eux-même, des petites actualités, ils vont faire évoluer le genre.
Celui qui va le plus faire évoluer le genre, qui jusqu’à présent se voulait principalement documentaire avec les frères Lumières, c’est Méliès : en 1902 il tourne le Voyage dans la lune (premier long métrage de l’histoire du cinéma et premier film de science fiction). Puis tous les genres seront expérimenté sur les foires (cinéma politique, érotique, des bandes d’actualité scandaleuse, etc.)
Pour aller plus loin :
Un podcast
Les informations ci-dessus sont tirées d’un entretien d’Arnaud Le Marchand, maitre de conférences en sciences économiques à l’université du Havre Normandie, réalisé en 2019, par Evelyne Pommerat :
https://soundcloud.com/rrose-selavy-738597062/arnaud-le-marchandmp3
Un film documentaire
Dans un autre documentaire, La grande histoire du cinéma forain, d’Evelyne Pomerat, il y a une interview très intéressante de Raymond Gurême qui était une personne issue des Gens du Voyage, très militant de la cause de sa communauté et notamment de la reconnaissance par la France de l’internement des tsiganes pendant toute la seconde Guerre Mondiale et jusqu’en 1946.
Voici le lien pour visionner le documentaire :
Synopsis :
Ce 3 octobre 1940, sous le chapiteau de la famille Leroux -Gurême, nul ne peut imaginer que se déroule ce soir là, la dernière séance du cinéma familial. Tout le monde s’affaire pour la projection du film de Jean Dréville « Troïka sur la piste blanche ». Hubert Leroux le chef de famille actionne l’appareil de projection à manivelle et anime la séance de cinéma muet en jouant les dialogues pour le public ; sa femme Mélanie Gurême tient la caisse et les aînés de la fratrie, René, Henriette et Raymond sont réquisitionnés pour rembobiner les films comme toutes les nuits après les projections. Mais au petit matin du 4 octobre 1940, la police française vient arrêter toute la famille. Roulottes, véhicules, chevaux, matériel de cirque, appareils de projection ne retrouveront jamais leurs propriétaires. A la sortie des camps et jusqu’à aujourd’hui aucune indemnité n’a été versée à la famille Leroux –Gurême ni à l’ensemble des internés « nomades » pour compenser la perte de leur habitat, de leurs biens et de leurs outils de travail.